Le 29 octobre 2005.

 

Cet article a été réalisé par Vanille (voir ses coordonnées sur le site).

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Remerciements:

A Georges Caron, Roger Munsch, Wilhelm PBR Saris, sans qui cette étude n'aurait pas été possible.

 

Préambule :

 

Je commencerai par un bref rappel du rôle du National Sozialistisches Kraftfahr Korps (NSKK) sous le 3è Reich :

 

Créé en 1931 pour succéder au NS Automobil Korps, il fut confié au Major Hühnlein et placé sous le contrôle de la SA conjointement à la Motor-SA. En 1934, suite à la Nuit des Longs Couteaux, le NSKK tout comme la SS obtiennent leur autonomie. Ses effectifs évolueront progressivement de 30.000 membres en 1933 pour atteindre 500.000 en 1939. La guerre se chargera d’en diminuer le nombre par l’incorporation des hommes valides dans la Wehrmacht.

 

Son objectif était de fournir des unités de transport au parti nazi, participer au contrôle des axes routiers, former des mécaniciens et conducteurs.  Cette dernière fonction fut particulièrement importante puisque un jeune homme souhaitant appartenir à une formation blindée ou motorisée de la Wehrmacht avait un maximum de chances d’y parvenir après un stage dans une de ses écoles…

 

Pendant la guerre, le NSKK fournira des unités de transport à l’Armée avec l’aide de volontaires étrangers, des auxiliaires à la Police.

 

1.         Le casque d’acier M 1934 dit ‘type civil’.

Nommé ainsi parce que suite aux essais pour remplacer le vieux M 1916, il fut en dotation dans les organisations civiles (pompiers, police, SD, etc.). Plus léger et moins onéreux que les modèles militaires ; pour la taille 57, il pèse 880 grammes et coûte 6 Reichsmark de 1936.

 

L’exemplaire présenté fut tout d’abord peint en vert foncé puis en vert olive, couleur de fond de l’uniforme standard ; la ventilation est assurée par quatre bosses percées chacune de sept petits trous. L’intérieur est réalisé en cuir, quatre tampons rectangulaires en caoutchouc lui assurent une certaine indépendance par rapport à la coque et il est fixé par quatre attaches. La jugulaire est en cuir grenelé noir, réglable par deux boucles coulissantes.

 

La dotation ne semble pas dépasser l’échelle de la compagnie ou du bataillon et à condition que le besoin s’en fasse sentir : séjours près du front, chasse à la guérilla, transport en zone d’insécurité.

 

Les photos d’époque illustrant son port  sont très peu courantes :

 

 

Ci-dessus : Tirée d’un article du ‘Metzer Zeitung’ (journal de Metz) de 1942, elle représente très certainement des membres de la ‘NSKK-Verkehrskompagnie Lothringen’ de Metz. Il s’agit d’une unité de circulation mise à la disposition du Gauleiter Bürckel. Le brassard à croix gammée n’est pas porté, les hommes arborent des décorations militaires et sont armés de K98. L’insigne du casque de l’homme au centre est du type le plus courant.

 

 

 

Ci-dessus : Sentinelle d’une unité Speer : l’homme est armé d’un Mauser de prise (les spécialistes confirmeront). Un agrandissement du casque permet de voir un insigne du modèle des photos couleurs.

 

 

 

 

 

2.         Les modèles 1916 et 1918.

Aucune photographie ne me permet d’assurer que ces vétérans de la Grande Guerre ont été munis d’insignes NSKK. Avant le conflit, leur réutilisation semble le fait d’anciens combattants de 14-18. Un lecteur pourra peut-être apporter la preuve du contraire ?

 

J’ai autrefois recueilli le témoignage d’un français de la Légion Speer qui m’a affirmé avoir eu une de ces coiffures en dotation à la fin de la guerre parce que nanti d’un tour de tête assez important. Il ne se rappelait plus s’il y avait un insigne parce qu’il préférait de loin porter un béret !

 

 

3.         Les modèles 35, 35/40 et 42.

Ils sont réglementaires dans les unités ‘Wehrmachtsgefolge’ en particuliers les Transportbrigaden Todt, Speer et Luftwaffe et sont mentionnés sur les livrets militaires.

 

Réglementairement, les casques modèle 1935 sont recouverts d’une double couche de peinture anticorrosion dite ‘mattgrau’, en réalité de teinte gris vert semi brillant, sauf pour la Luftwaffe ‘graublau’ gris bleu.

 

Le temps des parades étant terminé, à partir du 21 mars 1940, le gris vert d’origine est remplacé par une couche ‘Schiefergraumatt, leicht aufgerauht’ traduisible par gris ardoise mat légèrement fumé. Il n’est pas rare de retrouver des M35 à peinture gris vert recouvert, probablement par les soins de l’unité ; de la nouvelle teinte appliquée au pinceau. Il convient cependant de préciser que pour ce faire les intérieurs n’ont pas été démontés et ne recouvrent que la face interne de la visière et du couvre-nuque !

 

En ce qui concerne le NSKK, il n’est pas rare de retrouver des casques de la Heer repeint en gris bleu de la Luftwaffe et réciproquement.

 

Le camouflage connaîtra également un certain succès dans les unités de transport des théâtres d’opération méditerranéens fréquemment repeints en ‘gelbbraun’ ou ‘dunkelgelb’ (ocre) des véhicules. En 1943, ces teintes se généraliseront en Europe et il est très possible de les retrouver sur des casques provenant du front de Normandie en 1944 ! D’autres ont un aspect ‘bétonné’ pour limiter les reflets, à l’aide de sciure, de sable ou de terre. Les camouflages à plusieurs tons inspirés de ceux des véhicules tenteront certain peintres : les échelons de réparation ‘Werkstatt’ ont parfois quelque pots de couleurs disponibles. En fin de guerre les chasseurs-bombardiers alliés font la loi, mieux vaut ne pas attirer leur attention !

 

 

Ci-dessus : Illustration de ‘deutsche Kraftfahrt’ février 1944 page 4 : ‘Achtung, Jabos!’ le tireur semble plus craindre le ciel que la guerilla…

Les M42 recevront des teintes de ‘feldgrau’ de qualités et nuances diverses.

 

 

Les insignes.

Des insignes spéciaux représentant l’aigle du Korps seront en principe apposés sur les différents modèles de casques d’acier décrits plus haut. Ils peuvent être du genre décalcomanies, peints au pochoir ou plus artisanalement à la main. Cette dernière catégorie n’a aucun caractère réglementaire, réalisés par des dessinateurs plus ou moins doués. Ils dénotent surtout un souci de personnalisation de leurs coiffures.

 

Décalcomanie noir et argent, aigle à ailes courtes et longues pattes (caractéristique plutôt inattendue) s’approchant du modèle de 1931 (pour info sur le moineau M1931 : http://militariacollec.free.fr/ident/viewtopic.php?t=457 ) collé au côté gauche du casque. Datation approximative : 1934 à 1940.

 

Son aspect légèrement métallique frappe particulièrement l’observateur, certains insignes du modèle de la police s’en rapprochent par sa qualité.

 

 

A droite est placé le ‘Wappenschild’ tricolore de la Wehrmacht de préférence au modèle du parti nazi avec la swastika : la bonne relation entre le NSKK et l’armée fut le but principal de Hühnlein. Ce détail n’a guère d’importance me dira t’on mais le Korps était pleinement en droit d’arborer l’écu du parti comme il le fut par exemple par la Police ou la Waffen-SS ; ce ne fut pas le cas !

 

 

Décalcomanie noir et argent, ailes longues : l’aigle est issu du modèle 1936. C’est le plus fréquent sur les casques 35, 35/40 et 42. Il est parfois protégé par un vernis (d’époque est-il besoin de préciser) qui lui donne une teinte orangée mal admise par certains collectionneurs…

 

 

 

 

Ce casque présente la couleur gris bleu de la ‘NSKK-Transportbrigade der Luftwaffe’ mélangée à de la sciure de bois pour atténuer les reflets.

 

 

 

Le possesseur s’est permis de lui peindre un ‘Wappenschild’ !

Le modèle standard d’aigle est argent mais n’a pas l’apparence métallique de celui apposé sur le M34. Ce casque, initialement versé à la Luftwaffe a été reconditionné puis on lui a superposé l’aigle spécial comme ce fut fréquemment le cas.

 

 

 

 

Il a très certainement existé des variantes de ce type d’insignes comme nous le montre cette carte postale. Il s’agit d’un clairon du ‘NSKK-Transportgruppe der Luftwaffe’, probablement a-t-on pensé que les besoins de la propagande justifiaient une série limitée ?

 

Toujours est-il que je n’en connais pour l’instant aucun survivant.

Collection WPBR Saris.

Décalcomanie à la rune du loup :

Le NSKK manqua immédiatement de personnel pour peupler ses compagnies de transport aussi fit-il appel dès 1941 aux volontaires étrangers. Les plus nombreux furent les hollandais, encadrés par le NSB (Nationaal Socialist Beweging) par le Weer Afdelingen et sa branche motorisée le Motor-WA.

L’insigne spécial reprend l’emblème du mouvement : la rune du loup. Il peut être apposé sur un ou deux cotés de la coque un peu à la manière de ce qui se faisait à l’époque pour les volontaires étrangers de la Waffen-SS.

 

L’exemplaire présenté ici est simplement proposé pour l’illustration,  afin que le lecteur se fasse une idée ; sans aucune garantie d’authenticité ni certitude de copie. Il existe des photos d’époque de casques portant ces insignes mais ne seront pas présentés pour des raisons de droit d’auteurs.

 

 

 

  

 

(Collection particulière)

 

Dans la même veine, pour en revenir aux insignes à base d’aigles, je possède un M42 à aigle de grande taille ; un peu à la manière de la photo d’époque proposée par Richard de Filippi dans son livre ‘Les coiffures militaires du 3è Reich’ page 38.

 

 

 

Pour finir avec le sujet, des fabricants de copies proposent des décalcomanies plus ou moins bien réalisées, le bidouilleur n’ayant qu’à peaufiner le réalisme et le vieillissement ; aussi l’éventuel amateur devra se montrer des plus prudents !

 

Bibliographie:

Magazine ‘Uniformes’ n° 50 juillet-août et n° 51 septembre-octobre 1979.

‘Les coiffures militaires du 3è Reich’ par R. de Filippi, Jacques Grancher éditeur, 1980.

‘German helmets 1933-45’ volume II par T.V. Goodapple, W.R. Maertz et R.J. Weinand, 1983.

Lien internet : http://www.wehrmacht-awards.com/forums/showthread.php?t=114930