Tout le monde connaissait les faux Zippo gravés, mais ces derniers temps, les faux concernant le militaria Viet Nam se livrent à une offensive de masse, empruntant pour leur déboulé le très exploité axe du meilleur comme du pire, eBay, ainsi que les différents vacanciers occasionnels ou semi professionnels dans l’ancien pays des trois Ky.
Tout d’abord une constante sur laquelle j’aimerai tordre le cou : le Militiaria Vietnam n’est pas un thème facile dans lequel il suffit de se baisser pour monter son mannequin. Cependant il peut l’être, si l’on part du principe que tout ce qui est après 45 est considéré comme « Corévietname » selon la définition péremptoire des vendeurs sur bourse cherchant à donner un côté attractif aux pièces ne pouvant permettre de monter un énième soldat Ryan ou le para Macheprot de la Easy compagnie. Le mythe du thème aisé est aussi véhiculé par de nombreux revendeurs vus en bourse qui utilisent cet argument pour écouler leur camelote.
Les uniformes de jungle et chemises OG 107 ont été fabriquées en grande quantité mais trouver un veste complète (bande patro présente) et montée d’origine d’une unité ayant servi sur place et dont les insignes n’ont pas été remontés commence à devenir difficile.
Si les brelâges modèle 56 se trouvent effectivement facilement(comme l’US WWII dans les années 70,début 80), coiffures, uniformes et équipements spécifiques aux Forces spéciales, unité de reconnaissance etc sont très recherchés aux USA et sont copiés avec plus ou moins de bonheur depuis les années 80. L’emblématique Tiger stripe (copiée sur notre cam français) ne se décline pas sur des centaines de coupes et de modèles et les exemplaires authentiques répondent à 90% à des coupes et des pattern de camouflages biens spécifiques. Copiées pour les chasseurs, paramilitiares patriotes en tout genre dans les années 80 puis les reconstituteurs, le marché se pollue gentiment, idem avec les tenues Duck Hunter. Pour stimuler les faussaires, certaines pièces sont de bien loin plus onéreuses que de l’allemand WWII.
La mythique fabrication locale est ainsi copiée à la perfection avec adjonction de coutures de tailleurs plus vraies que nature :
Ici pour une chemise de conseiller
et ici pour un béret (les vraies sont un peu plus petites et d’un papier plus rigide)
Au marché des voleurs à Saigon, le commerce de souvenirs pour touristes est devenu une activité fructueuse. Les inisignes de poches d’unité vietnamiennes, de compagnies d’hélicoptères, de forces spéciales etc… sont refait avec bonheur par les petites mains.
Les insignes en métal n’échappent pas à la règle, le français EO est également endeuillé.
Les coiffures, bérets et boonie hats, emblématiques du conflit sont également refaits en nombre.
Voici deux vues d’un boonie très bien copié mais heureusement avec une étiquette fantaisiste
Lors de mon premier séjour au VN en 96, les bérets en cam ERDL sud vietnamien et en tiger stripes, réalisés à partir de chiffons et de haillons, se vendaient à peine 2 Euros. Certains les ont achetés pour bons en France et aux USA jusqu’à 150 Euros.
Le français Indo est également copié avec des copies de vestes TAP EO encore pas très dangereuses mais aussi des casquettes style Bigeard et des bérets en cam poncho Marine, etc…
Bien évidemment, eBay relaie par certains vendeurs ces merveilleux souvenirs. Cette marchandise fait malheureusement son apparition en France où beaucoup ne sont pas au fait de ces reproductions.
Le papier est également copié. Ainsi les fameuses cartes déposées sur les cadavres (death cards) sont repompées avec délice tout comme les certificats photocopiés en couleur avant d’être artificiellement salis puis plastifiés (attention il y a des bons plastifié aussi).
Les gars d’en face n’échappent pas à la copie. L’ambiance dessin patriotique sur les gilets matelassés (employés encore récemment par l’armée vietnamienne), sur les casques Bo Doi sont actuellement très à la mode.
Le casque porté par tout le monde (marchands ambulants, paysans, militiares, etc..) est souvent Bo Doïsé par l’adjonction d’un filet et pour la version luxe, pour quelques Dong de plus d’un couvre casque en vraie soie de parachute ou avec des bandelettes de la même matière sur un filet .
L’option sac de terre est aussi possible.
Sandales HCM, écharpes à damier, tenue noire (mêmes copies CISO copiées) n’échappent pas à la règle.
En conclusion, il n’y a pas de miracle et la rareté et l’aspect emblématique de certaines pièces ont excité l’imagination des artisans locaux puis la cupidité des bidouilleurs vietnamiens, Viet Kieu, américains et européens.
Ce petit post est malheureusement très loin d’être exhaustif et de nombreuses bidouilles n’ont pas été abordées mais prenez garde…
Fred.Perry