bataille de Denain, 24 juillet 1712

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bataille de Denain, 24 juillet 1712

Messagede chris59mp » Jeu Sep 21, 2006 12:29 15

En 1701 commence la guerre de succession d’Espagne.
Après sept années de guerre, les frontières du Nord de la France sont directement menacées par les armées coalisées.


Après la défaite d’Audenarde, le 11 juillet 1708, l’armée française se prépare à la défense de Lille, assiégée par les Alliés. La ville se rend le 21 octobre mais Boufflers se retire dans la citadelle et tient encore jusqu’au 8 décembre 1708. Le 23 décembre, les Alliés assiègent Gand pour bénéficier du canal de la Lys comme voie de communication et d’approvisionnement. La ville dépose les armes le 30 décembre.
A partir de cette date, le maréchal Villars prend la tête de l’armée des Flandres.


En 1709, Marlborough et le Prince Eugène de Savoie amorcent leur offensive contre Villars mais jugeant les retranchements de ce dernier imprenables, ils décident de diviser leurs forces, une grosse partie des troupes s’installe aux environs d’Orchies tandis qu’un détachement coalisé par assiéger la place de tournai. Villars se méfie de ce mouvement car la chute de Tournai ouvrirait la voie d’eau de l’Escaut à ses adversaires, permettant ainsi une offensive sur la Sambre. Pour pallier à cela, il fait ériger de nouvelles lignes de fortifications entre les marécages de la Scarpe et de l’Escaut depuis le Nord d’Hellesmes jusqu’à Denain.
Il dispose maintenant d’une ligne de retranchements (en rouge sur cette carte datant de 1709) quasi discontinue de Douai à Mons (la Scarpe de Douai à Marchiennes, les nouveaux retranchements, l’Escaut de Denain à Condé et la Haine jusqu’à Mons).




Puységur et la Frézelère furent envoyés pour prendre en main les places de Condé et de Valenciennes, ainsi que les retranchements de la Haine. L’armée française fut rassemblée au camp retranchée Denain et au camp de Saint-Saulve.

Après la prise de Tournai, Eugène et Marlborough passent sur la rive droite de l’Escaut grâce aux ponts de Tournai, d’Antoing et de Mortagne. Villars, ayant décidé de surprendre l’ennemi lors de son passage sur la Haine, se porte à Quiévrain. Ce fut le prélude à la funeste bataille de Malplaquet (11 septembre 1709) qui entraîna la chute de Mons (20 octobre) et le repli des troupes françaises derrière le Quesnoy et la Rhônelle sur une ligne allant jusqu’à la Sambre depuis le Quesnoy et la forêt de Mormal.

Puis, il n’eut pas de confrontations sérieuses entre les belligérants jusqu’à la nuit du 4 au 5 mai 1710, date choisie par les alliés pour engager le siège de Douai. Leur armée se trouve entre la Scarpe et le canal du Moulinet (aujourd’hui canal de la Sensée), tirant profit d’une inondation provoquée par le détournement de la Scarpe à Biache-saint-vaast, afin de lui faire rejoindre l’étang de l’Écluse. Villars réagit, concentre ses troupes contre les Alliés, disposant le centre à Oisy-le-Verger, derrière le canal de la Sensée et la dérivation de la Scarpe. Il lance des ponts à Bouchain et à Athies pour se déployer entre Noyelles-sous-Lens et Fampoux. A sa grande surprise, il trouve l’armée de Marlborough déjà déployée et retranchée. Les armées se trouvent donc face à face, sur 16 kilomètres de front, mais cependant, aucune n’attaque. D’Albertgotty défend courageusement Douai avant d’être obliger de se rendre le 26 juin 1710.

Après la chute de cette important place forte, Villars se place au sud de la Scarpe, dans trois camps (Oisy-le-Verger, Monchy-le-Preux et Haucourt) .
Les Alliés décident d’assiéger Béthune qui tombe après 40 jours de siège. L’assaut est ensuite donné à Saint Venant, ville stratégique car elle maintient l’inondation d’Aire. Aussi les Hollandais résorbent l’inondation et ramènent l’eau au canal de la Lys afin de permettre leur approvisionnement. Saint-Venant tombe le 2 octobre, peut avant Aire.
Le 20avril 1712, les Alliés réunissent leurs armées à Tournai avec la ferme intention de marcher sur Paris. Villars porte le gros de ses troupes à Arras mais les Alliés conservent leur communication entre Saint-Amand et Marchiennes grâce au canal de l’Escaut. Pour contrecarrer leurs plans, Villars fait construire une digue à Arleux et empêche ainsi l’eau de la Sensée de retourner à la Scarpe par le canal du Moulinet. De plus, les Français font sauter les écluses de Courtrai et interrompent ainsi la circulation sur la Lys. Le 6 juillet 1711, la garnison alliée de Douai est envoyée par Marlborough pour prendre le poste fortifié français d’Arleux. Villars décide de surprendre l’ennemi dans son camp en envoyant sa cavalerie. Cette dernière traverse la Sensée près de Bouchain, gagne le camp d’Arleux et y sabre tout dans la nuit du 17 ou 18 juillet 1711. Arleux est repris le 23 juillet mais les Alliés passent la Sensée le 4 août et s’installent à Oisy-le-Verger. Le 5,Marlborough se déploie au sud de la Sensée entre Oisy et Thun- l’Évêque. Le 6 août, Villars place son armée en ordre de bataille entre Sains-les-Marquions et Cambrai, face à l’ennemi, protégé sur sa gauche par les marais d’Inchy. 
Mais, dans la nuit du 6 au 7 août, les Alliés franchissent l’Escaut entre Thun-l’Evèque et Etrun. Villars ne fut prévenu que le 9 et durant ce temps, Marlborough avait installé son armée entre Thun-l’Evèque et Neuville-sur-l’Escaut avec son quartier général à Avesnes-le-Sec. Grâce à ce fin mouvement, les Alliés purent jeter deux ponts entre Denain et Neuville et ainsi rejoindre Marchiennes, par où arrivait l’approvisionnement. Villars vint occuper les anciens emplacement de l’ennemi au bord de la Sensée et fit renforcer les garnisons de Cambrai, Valenciennes, Le Quesnoy, Maubeuge et surtout celle de Bouchain, particulièrement exposée. Puis, il se porta entre Cambrai et Wavrechain-sous-Faulx, occupant le Camp de César par la même occasion tout en faisant retrancher un camp à Wavrechain.
Entre ces deux camps, il permis la traversée rapide de la Sensée en construisant deux ponts. Le 9 août, Marlborough commença le siège de Bouchain et couvra sa ligne de communication par la construction de retranchements entre Marchiennes et Mastaing, et par la remise en état des retranchement français de 1709.
La seule chaussée reliant Bouchain au camp de Wavrechain fut prise par les Alliés. Ces derniers établirent un gigantesque camp au sud de l’Escaut, bénéficiant d’un obstacle entre Iwuy et Haspres ainsi que d’un retranchement entre Haspes et le Confluent de l’Escaut. Les français repoussèrent quatre bataillons ennemis entre Hordain et Iwuy le 31 août 1711. Mais Bouchain, attaquée à la fois par la ville haute et par la ville basse, fut obliger de se rendre le 13 septembre et sa garnison faite prisonnière par les Alliés.



A la fin de l’année 1711, la guerre tournait à l’avantage de Alliés mais l’armée de Villars n’était pas détruite. A la fin d’octobre, les troupes ennemies avaient pris leurs cantonnements d’hiver entre Saint-Amand, Douai et Tournai. Mais Marlborough tomba en disgrâce et le Duc d’Ormont pris la tête du contingent Anglais, la moitié des forces alliée.
Durant l’hiver 1711-1712, en l’absence de Villars, partit pour Versailles, Montesquiou organisa différents coups de main à Lillers, sur le canal de Douai, à Montigny (où le canal fut comblé sur plusieurs centaines de mètres) et sur la Scarpe (comblée à Anchin). Après la reprise d’Arleux par l’armée français, cette dernière coupa la Sensée avec l’intention de la faire retomber dans l’Escaut à Estrun. En mai, le prince Eugène fit traverser l’Escaut à l’armée coalisée afin de préparer son offensive. Villars, revenu sur le front, disposait de toute son armée entre la Sensée et Cambrai pendant qu’Eugène attaquait Le Quesnoy et décidait de maintenir ses troupes entre la Selle et l’Écaillon (entre Haspres et Le Cateau). Il disposait donc de l’Escaut et d’une route protégée par des retranchements, le « Chemin de Paris » pour ses approvisionnements. Il occupe le camp retranché de Denain et y maintient un contingent Hollandais. Le Quesnoy capitule le 3 juillet 1712 après un siège de 15 jours, renforçant ainsi la position alliée, malgré le retrait des troupes Anglaises. Cette forte diminution d’effectif ne réduisant pas l’écrasante supériorité numérique de leur armée face à celle de Villars.
Afin d’attirer ce dernier sur un terrain qui lui serait défavorable, Eugène porta ses troupes derrière la Selle et l’Ecaillon, entre Thiant et Fontaine-au-Bois le 17 juillet 1712. Pour assurer la couverture du pont de Denain, Eugène fit construire un retranchement entre l’Escaut et Thiant. Il maintient environs 15000 hommes sur le Chemin de Paris et au camp de Denain, sous les ordres d’Albermarle. Pendant ce temps, les armées alliées commencèrent le siège de Landrecies par la rive gauche de la Sambre, où ils avaient établi un camp retranché.
Le 20 juillet, l’armée française traversa l’Escaut et s’installa sur la Selle, près du Cateau, maintenant un détachement important (environ 12000 hommes) à Valenciennes. Villars fait examiner le camp de Denain et place le 22 juillet son armée entre Le Cateau et Mazinghien, face à Landrecies assiégée. La nuit du 23 juillet, l’armée française se met en route pour Denain dans le plus grand secret (Eugène, croyant que Villars était venu soutenir Landrecies, dégarni ses troupes pour faire à l’arrivée des supposés renforts français).80000 soldats de Louis XIV se dirigeaient vers Denain en quatre colonnes entre la Selle et l’Erclin. La cavalerie, dont les chevaux avaient les sabots enveloppés dans des chiffons pour plus de discrétion, longeait la Selle sur chaque rive et assurait le contrôle des ponts. De plus, l’armée emportait toute personne rencontrées sur son chemin pour éviter qu’elles ne dévoilent la supercherie.
A l’aube du 24 juillet, les troupes royales sont en vue de Neuville sur l’Escaut. Entre 7 et 8 heures, deux ponts furent jetés (au lieu des quatre prévus) et les troupes commencèrent à déferler en masses compactes dans la plaine de l’Ostrevant, cachées par une légère croupe du terrain au niveau de Lourches.



Pendant ce temps, dans le camp des alliés, personne ne se doute de l’approche des armées de Villars et ces dernières peuvent apercevoir les chevaux de la cavalerie hollandaise qui paissent dans les prairies des Lourches. Mais une section de cavaliers, sans doute chargées de la garde des chevaux, tira quelques coups de feu mais, horrifiés par le déferlement inéluctable des colonnes françaises, se sont repliés en mettant toutefois le feu au village de Saul (actuellement les vieux Lourches).

Vers 9 heures, la cavalerie française pris possession du Chemin de Paris ainsi que d’un convoi de munitions ennemies en provenance de Marchiennes. Mais Villars, ayant eu l’appréhension d’une contre attaque ennemie, fit suspendre le passage des troupes sur l’Escaut. A midi, les troupes de Montesquiou massées dans le Chemin de Paris et à Lourches, passèrent à l’assaut et, au cours d’une furieuse mêlée, pénétrèrent au pas de charge dans le camp de Denain où les troupes hollandaises, complètement surprises par l’attaque, ne pensèrent plus qu’a fuir et à passer de l’autre côté du canal par le pont Hennuyer. Ce dernier, fragilisé par les eaux de l’Escaut en crue et par le poids de lourds chariots, ne résista pas au passage désordonné des fuyards: il se brisa. Derrière, les hollandais continuaient à pousser leurs camarades pour échapper aux baïonnettes française, mais comme le pont était brisé, des centaines de soldats hollandais furent précipités dans les eaux profondes de l’Escaut.
Durant ce temps, la garnison française de Valenciennes, commandée par de Tingry, était en vue de Denain et s’apprêtait à apporter son soutient à Villars. Pendant ce temps, Eugène, totalement surpris par la dépêche d’Albermarle lui annonçant l’attaque du camp de Denain et n’ayant laissé que sept bataillons à Thiant, accouru à Denain avec toutes ses forces. Il arriva à 10 heures, se plaça sur la redoute de la Croix Sainte Marie, mais à l’arrivée des quatorze bataillons alliés, la débandade hollandaise était déjà consommée et les troupes d’Eugène ne purent qu’échanger quelques salves de mousqueterie avec les français qui occupaient déjà Denain. Eugène, dans un dernier sursaut de résistance, attaqua le pont de Prouvy, défendu par la garnison de Valenciennes, pour essayer de reprendre le camp. Mais devant le nombre grandissant des troupes ennemies, de Tiingry fit sauter le pont. Eugène n’avait plus qu’a se replier sur Landrecies après, selon la légende, s’être arraché les dentelles de ses manches par dépit. le siège de Landrecies fut levé cinq jours plus tard.
Villars avait réussi à faire reculer l’armée d’Eugène grâce à la prise de Denain le 24 juillet 1712.


Il ne perdit pas de temps et, alors d’Albermarle se rendait, ordonna l’attaque de Marchiennes, prise trois jours plus tard. La chute de cette ville destinée à l’approvisionnement permis la prise de « nombreuses munitions de bouche et de guerre » et de quarante huit pièces de canon de 24.


Le 1 août 1712, les français assiégèrent Douai. Mais comme Eugène était venu au nord de Douai, entre Oignies et Flines, Villars se retrancha derrière la ligne des Raches. Vu la réaction française, Eugène se replia sur Le Quesnoy via Tournai. Villars en étant informé, il arriva avant lui, après avoir laissé l’effectif nécessaire au siège de Douai ( qui tomba le 8 septembre). Il place ses troupes sur l’Aunelle, entre la foret de Mormal et Onnaing, et installa son quartier général à Préseau et celui de Montesquiou à Saultain. Il prépara le siège du Quesnoy le 18 septembre 1712. La place fut reprise après neuf jours de tranchée ouverte. Après cette chute, Bouchain fut assiégé le 8 octobre et prise dix jours plus tard. Cinquante bataillons et cinq cents canons furent pris par les français en deux mois, après la chute de Denain.



La guerre de succession d’Espagne se termina ainsi, en rétablissant les frontières françaises aux limites de la fin du XVII siècle et la France récupéra une grande partie du près quarré. Mais les provinces du Nord, particulièrement exposées aux combats, étaient ruinées et il leur fallut plusieurs années pour se rétablir de cette guerre qui a profondément marqué les esprits et les paysages.

-le chemin de Paris
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-ensemble des manoeuvres de la bataille de Denain
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bataille

Messagede Kowalski1 » Jeu Sep 21, 2006 12:45 21

Merci Chris pour nous avoir relaté cette bataille dont je n'avais jamais entendu parler. Sais-tu s'il existe un musée qui en parle, ou sais-tu s'il existe des vestiges?
K
N'oublions jamais qu'au travers des objets qui nous passionnent, c'est l'Histoire, ou une partie de celle-ci que nous avons entre les mains. A nous d'en prendre soin pour la transmettre à nos descendants. Nous ne faisons que passer...
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Messagede chris59mp » Jeu Sep 21, 2006 14:53 54

salut, il y a le musée de denain, place wilson, il y a quelques reliques et pas mal de documents, ainsi qu'une maquette tres interressante, sinon question vestige il ne reste pas grand chose, un monument a Haulchin, quelques batiments et les soubassements du pont Hennuyer ( sous l'eau), sinon vu du ciel on voit les traces des fortifications du chemin de paris du chemin de paris.
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Messagede sly » Jeu Sep 21, 2006 15:12 55

Salut,

merci beaucoup pour ce récit trés complet de ces batailles méconnues.
Je serais éventuellement intéressé s'il existe un bouquin là dessus.
Le Nord a toujours été une terre de conflits... pourtant les ch'tis sont si sympas :wink:

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Messagede chris59mp » Jeu Sep 21, 2006 15:40 52

oui il y a des bouquins mais je nait pas la reference en tete :?
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